Lors de la deuxième journée du congrès annuel de l’AMéCO, le jeudi 27 octobre 2022, Mathieu Lavigne, directeur de l’organisme Mission chez nous, a animé une table ronde dans le but de rendre compte des impacts et des suites de la visite du pape au Canada. Près de trois mois après ce pèlerinage pénitentiel, les réflexions ont été présentées par Natshin Rousselot, Innue de Pessamit établie à Wendake, et Brian McDonough, qui a participé au comité consultatif régional de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.
Mme Rousselot, enfant d’une survivante des pensionnats autochtones, a témoigné de l’impact du trauma transgénérationnel dans sa famille, et du cheminement personnel qu’elle a fait pour se réconcilier avec l’Église catholique. Elle a raconté son engagement dans l’accompagnement d’ainés innus à la messe célébrée en la basilique Sainte-Anne de Beaupré, le 28 juillet, où elle a aussi fait une lecture. Notant le désarroi, voire la colère, ressentis par plusieurs Premières Nations en constatant que les premières rangées étaient réservées aux évêques et autres dignitaires, Mme Rousselot a rappelé que Jésus laissait venir à lui les personnes et dispersait ses apôtres, ne les mettant pas aux premiers rangs autour de lui. Elle a aussi insisté sur les défis du langage concernant la «mission» de l’Église, qui demeure un enjeu sensible, et a encouragé une vision de co-construction entre Autochtones et Allochtones.
Brian McDonough, qui a souligné ses origines irlandaise et huguenote, ainsi que sa fréquentation dominicale de la mission Saint-François-Xavier de Kahnawake, a rappelé que pour beaucoup d’aînés autochtones, la visite du pape François et les excuses qu’il a présentées ont fait en sorte que leurs souffrances soient reconnues publiquement. Il a souligné les sept engagements de la déclaration conjointe «Réponses catholiques à l’appel à l’action 48 et aux questions sur la doctrine de la découverte» publiée en 2016 et s’adressant à tous les catholiques du Canada. Parmi ces engagements, il y a celui de l’éducation pour présenter l’histoire et l’expérience des peuples autochtones et celui d’approfondir les relations, le dialogue et la collaboration avec les Autochtones.
Les échanges ont permis aux membres participant au congrès de saisir que le chemin de la réconciliation, sans doute encore long, sera enrichi par la création de liens d’amitié entre Autochtones et Allochtones, et d’une découverte et appréciation mutuelles des cultures et des spiritualités, tant autochtones que catholiques. (Notes de Sabrina Di Matteo, photo de Robert Lalonde)