Jacques Grand’Maison se confie à François-Nicolas Pelletier dans le plus récent numéro de Présence magazine. Professeur, le prêtre et sociologue a tenu à œuvrer à la base, engagé dans différentes luttes sociales. «Pourquoi vous en être mis tant sur les épaules?», lui a-t-on demandé. «On ne peut pas tout ramener à l’enfance, mais je me rappelle d’un événement qui m’avait profondément marqué quand j’avais six ou sept ans. Mon père travaillait à la Dominion Rubber, une usine de chaussures à Saint-Jérôme. Très souvent, il revenait en colère: à l’usine, ça marchait à coups de pied au derrière. Les ouvriers n’étaient pas syndiqués et ils étaient constamment humiliés. En plus, dans les années 1930, il y avait de longues périodes de chômage. De sorte que, pendant quelque temps, mon père avait dû accepter un autre emploi dans une usine à Saint-Canut, à une douzaine de kilomètres de la maison. Il partait à 4 h 30 le matin, et revenait à 7 h 30 le soir, six jours par semaine. C’était intenable. Une nuit, j’ai entendu mes parents pleurer dans leur chambre. Et dans ma tête de petit garçon, je m’étais dit en serrant les dents: Je veux plus que ça arrive!»