«Nous les croisons dans la rue, ces êtres aux traits durcis, anxieux, aux mains sales et à l’haleine fétide. Nous pressons le pas, inconfortables devant tant de détresse humaine, ne sachant comment réagir devant cette misère si concrète, chez nous. Les itinérants nous déstabilisent, questionnent nos attitudes et nos convictions, mettent à l’épreuve nos solidarités. Figures ultimes de désaffiliation, de rupture avec le monde et la société, ils nous renvoient à l’effritement du lien social, à ce fossé si grand entre nous et « eux », à notre sentiment d’impuissance devant leur réalité, fruit de carences, de dépendances, de silences», écrit Amélie Descheneau-Guay, secrétaire de rédaction, en introduction au plus récent numéro de Relations consacré à l’itinérance.