Dans le numéro d’octobre de Pastorale-Québec, le rédacteur en chef, René Tessier, réfléchit sur le thème du congrès 2018 de l’AMéCO, Qu’est-ce que la vérité?.

Le texte complet de son liminaire est ici présenté.

«La question est plus actuelle que jamais, en cette ère des fake news. En même temps, elle est presque aussi vieille que le monde: c’était la question de Pilate à Jésus (Jean 18, 38). Apparemment, le Maître n’a pas eu le temps d’y répondre, du moins en mots… Existe-t-il seulement une vérité, objecteront certaines personnes? On entend dire fréquemment, de nos jours, qu’il n’y aurait de vérité que dans la subjectivité: à chacun, chacune, non seulement de trouver, mais même d’énoncer sa propre vérité. Déjà un tel principe se défend mal au plan logique ou philosophique, offrant surtout l’avantage de bien flotter dans l’air du temps. Accessoirement, si toute vérité se fait d’ordre subjectif, admettons que le journalisme devient alors inutile.

A contrario, si notre société a besoin du journalisme et des métiers de communications qui en respectent l’esprit – alors qu’il est soumis plus que jamais à des compressions drastiques –, c’est précisément parce la notion même de vérité est remise en question. Alors, que dire de la simple reconnaissance des faits bruts, tels qu’ils adviennent, au-delà des perceptions, des préjugés, des impressions ou de nos penchants personnels?

Chose certaine, en cet âge de la surinformation, l’ironie veut que le journalisme soit menacé plus que jamais, en Église comme ailleurs. Si sa survie, voire son progrès, tenait justement au souci de rétablir la vérité objective à travers ragots, rumeurs, opinions de toutes sortes, fake news et tentatives de manipulation? En l’occurrence, notre congrès peut déjà représenter un point de départ quasi incontournable.»