Dans le dernier numéro de Parabole, le professeur Alain Gignac propose un texte sur la Lettre de Jacques, «un écrit de sagesse qui enfile les aphorismes comme les perles sur un collier». Il s’intéresse tout particulièrement à la relation entre les riches et les pauvres. Il note que, dans ce texte, «les riches sont interpellés avec des accents qui rappellent les cris du prophète Amos pour la justice sociale».
«Pleurez et hurlez à cause des malheurs qui viennent sur vous. Votre richesse est pourrie et vos vêtements se trouvent mangés des vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille servira de témoignage contre vous et dévorera vos chairs comme un feu», écrit Jacques, au chapitre 5.
«Cette dénonciation véhémente est-elle chose du passé?», demande Alain Gignac. «La situation de l’Antiquité est-elle si différente de la nôtre? Ne vivons-nous pas nous aussi dans un monde de paraître et d’avoir, où l’être est relégué au second plan, pour ne pas dire, évacué? Qu’on me permette quelques exemples tirés de l’actualité mondiale au moment où j’écris ces lignes. Au nom de l’austérité et du respect de l’argent prêté, les banquiers n’exigent-ils pas l’impossible d’un peuple grec qui souffre et ne voit pas poindre la reprise économique? Le salaire des dirigeants de multinationales n’atteignent-ils pas des sommets astronomiques par rapport au salaire moyen de leurs employés?»