«L’Église comme la société occidentale traversent une crise et nous ne savons pas comment cela va se terminer. C’est pour cette raison qu’il faut essayer d’y voir clair», annonce-t-on dans le numéro d’été de Notre-Dame-du-Cap.
C’est à Jérôme Martineau, ex-directeur de cette revue et ex-président de l’ACPC, qui l.on a demandé d’aller interroger Henri-Jérôme Gagey, vicaire général du diocèse de Créteil en France. «Il a enseigné durant 30 ans à l’Institut catholique à Paris et est l’auteur d’un livre remarquable qui a pour titre Les ressources de la foi, publié aux Éditions Salvator», écrit-on dans l’introduction.
«Toutes les personnes engagées dans l’Église sont impressionnées par les difficultés qu’elle rencontre depuis un certain temps. Je note que des personnes sont tentées de se culpabiliser. Elles se disent : Qu’est-ce que nous avons raté ? Il y en a qui se dépensent énormément dans leur paroisse et qui n’en voient pas les fruits», explique le spécialiste.
«J’ai participé il y a 20 ans à la rédaction de la Lettre aux catholiques deFrance. Nous avions déjà développé l’interprétation selon laquelle la crise de l’Église n’est pas d’abord liée à la tiédeur ou à l’infidélité de certains de ses responsables. La nouveauté de cette crise est qu’elle est liée à une transformation fondamentale de notre manière de vivre l’existence humaine. C’est seulement en fonction de cette transformation fondamentale que l’on peut comprendre l’ampleur du séisme qui s’est produit au cours du dernier siècle», observe-t-il.
Commentaires fermées.
René Tessier 13 août 2018
Même si ce n’est là qu’un embryon de sa pensée, je trouve moi aussi, non seulement intéressante mais très pertinente, l’analyse de M. Gagey. Franchement, ça fait trop de fois que j’entends des remarques publiques à l’effet que la crise de l’Église serait due avant tout à la paresse et l’incompétence de ses prêtres. Je conviens que les deux se trouvent ici et là, tout comme je suis abasourdi par les multiples révélations de scandales à teneur sexuelle. Cependant son observation sur des pasteurs qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour très peu de résultats me paraît bien plus représentative, au moins pour un grand nombre d’entre nous. Encore en fin de semaine, dans Le Soleil, on pouvait lire que (l’absence de) formation continue du clergé québécois serait une de ses grandes lacunes. C’est sans doute vrai pour quelques confrères démotivés depuis des années, mais ça ne me semble pas plus problématique que dans d’autres professions, au contraire. Avons-nous pris la mesure du vent de sécularisation qui balaie nos sociétés occidentales? Voyons seulement à quel point des pays qui étaient naguère encore (au tournant de l’an 2000) des bastions du catholicisme, comme l’Irlande et la Pologne, sont frappés par cette sécularisation ? À trop frapper sur ceux et celles qui continuent à ramer contre le courant, on fait exactement ce qu’il faut pour Égorger l’Église. Le raisonnement qui veut culpabiliser les pasteurs n’est pas seulement toxique, il est profondément bête et simpliste. « Un peu moins d’anathème et un peu plus d’analyse, SVP », comme disait autrefois un de mes professeurs.
René Tessier
Mario Bard 31 juillet 2018
Réflexion extrêmement intéressante et pertinente qui affecte tous ceux et celles – peu importe leur appartenance confessionnelle chrétienne – à un très grand niveau. Elle affecte également nos membres, puisqu’ils veulent transmettre, mais personne ne semble écouter. Et ce, malgré les meilleurs moyens utilisés. Sommes-nous dans une période de désert où n’écoute qu’un petit nombre? Lequel doit porter la Bonne Nouvelle par amour pour l’humanité, coûte que coûte.