Ouverture à Montréal du colloque Médias et religion. Dans son mot d’ouverture, Pierre-Gerlier Forest, président de la Fondation Pierre Elliot Trudeau, a déploré le «manque de perspectives face à la présence de la religion dans l’espace public».
Philippe Gonzalez, maître assistant à l’Université de Lausanne, est revenu sur l’affaire des minarets de Suisse. Lors d’un référendum, tenu en novembre 2009, les Suisses ont voté l’insertion, dans la constitution de leur pays, d’un article interdisant la construction de minarets, symbole du culte musulman. Il a analysé la médiatisation de ce débat et constaté d’importantes ambiguïtés dans la couverture journalistique.
«Comment les médias traitent-ils le religieux?» C’est la question qui a préoccupé chacun des panélistes du matin. La documentaliste Eugénie Francoeur explique notamment les difficultés pour les journalistes dans les grands médias de présenter les événements religieux et de donner la parole aux adeptes des religions. Ces sujets suscitent encore méfiance même si ces dernières années, elle a pu collaborer à des projets de documentaires sur la spiritualité ou les rites religieux. «Les murs viennent de l’ignorance», estime-t-elle.
«Les phénomènes religieux se prêtent fort mal au traitement journalistique», lance la journaliste et chroniqueuse Lysiane Gagnon. Elle reconnaît toutefois que la culture de la peopolisation, très présente dans les médias, fait une place aux vedettes, le pape devenant une rock star et le dalaï lama, «la coqueluche des journalistes occidentaux».
«Le monde politique est couvert avec beaucoup moins de cynisme par les journalistes que le monde religieux», reconnaît d’emblée Chantal Hébert. En réfléchissant à son expérience, elle estime toutefois qu’on ne peut comprendre la politique canadienne sans comprendre les religions. Elles prennent actuellement beaucoup de place dans le monde politique, notamment à Ottawa.
Le chercheur Jean-Michel Landry traite ensuite de l’image médiatique de l’Islam. Il rappelle les événements de l’été dernier en Norvège où «l’on a cherché à tenir l’Islam politique coupable. À tort et sans preuves». En 1995, lors des attentats à Oklahoma City, on a aussi pointé le doigt vers les groupes islamistes avant de découvrir l’auteur, un Américain d’extrême-droite.