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vendredi, 14 septembre 2018

Contrôle des médias: réaction du président de l’AMéCO

Je viens de lire la nouvelle de Présence-Info, datée du 13 septembre 2018, et intitulée Médias : la conférence épiscopale resserre son contrôle.

Elle concerne le contenu du formulaire de demande d’accréditation envoyé aux médias, religieux ou profanes, en vue de l’Assemblée plénière annuelle qui aura lieu du 24 au 28 septembre 2018.

Comme communicateur et ancien journaliste pour Radio VM (2003-2007), je suis profondément attristé par le ton de cette demande : « … en aucun temps, y compris pendant les pauses et les repas, les journalistes ne doivent pas (sic) approcher les évêques ou les membres du personnel de la CECC ».

Chers amis évêques, autres membres de la CECC et personnel du bureau. En tant que président de l’Association des médias catholiques et œcuméniques, il m’est extrêmement difficile de lire une telle requête. Elle me fait mal. Pourquoi?

Parce que, comme communicateur et souvent comme journaliste, je vous ai approché de manière spontanée, et franchement plutôt timide et maladroite, n’étant pas d’un tempérament fonceur : toujours la peur de déranger.

J’ai fait mon travail honnêtement. Je peux même dire qu’à votre contact, j’ai beaucoup appris. Méchant à votre égard? Jamais. Pensif, curieux, un peu provocateur et avide de comprendre? Bien sûr.

Le monde démocratique que vous savez défendre au moment opportun a besoin d’une presse libre et de communicateurs et journalistes capables, à certains moments, de vous approcher spontanément et de s’engager librement, avec vous et votre propre capacité comme personne équipée d’une conscience libre et éclairée, dans une conversation qui sera ensuite relayée par les médias. À la base, je fais confiance à votre jugement, tout autant qu’à votre liberté de répondre oui ou non à une demande d’entrevue.

Sans vos propres médias d’information et de communication que sont les bulletins diocésains, les podcasts, les vidéos préparés dans vos diocèses, ou bien encore, sans une presse indépendante – religieuse ou profane –, la liberté de parole et de pensée ne peut véritablement se développer. Le débat, sauf preuve du contraire, fait partie de la culture catholique. La « disputatio » s’est aussi déplacée dans les médias. Certes, elle n’est pas parfaite, mais, elle demeure un outil indispensable de notre mieux vivre ensemble, j’en suis convaincu. Et, la liberté de pratique du métier de journaliste et de communicateur y est un élément indispensable.

Sans cette liberté, les propos rapportés, même s’ils sont positifs, risquent de manquer de crédibilité.

Mario Bard
Président de l’Association des médias catholiques et œcuméniques

(photo: RadioVM)

Commentaires

  • Onil Perrier 21 septembre 2018

    M. Bard En tant que fondateur de l’ACPC devenue l’AMéCO, je suis avec beaucoup d’intérêt ce qui se passe chez vous. Je ne suis pas surpris que nos évêques frileux essaient de vous contrôler. Heureusement vous avez le pape de votre côté : il vient justement (enfin!) d’inviter les évêques du monde entier à sortir de leur sécurité et d’aller dialoguer avec TOUS les croyants pour redécouvrir le SENSUS FIDELIUM en vue de la grande rencontre en janvier de tous les présidents des conférences épiscopales. Je prie pour que François reçoive et lise l’admonestation que lui a adressée Nancy HUSTON (LE DEVOIR du 22 août). Cette écrivaine courageuse lui a bien dit: ce n’est pas seulement avec des prières et des excuses qu’on va arrêter le MASSACRE de la pédophilie, c’est en abolissant le célibat obligatoire des prêtres. Soit dit en passant ce n’est pas un DOGME, c’est une simple mesure disciplinaire, qu’il peut changer demain. — Déjà en 1968
    je sentais, comme prêtre et membre du CLERGÉ que je n’avais pas une vraie liberté de parole… C’est une des raisons de ma sortie de
    cette caste dont Jésus ne voulait pas et dont maintenant le pape François se plaint. J’aurais beaucoup à dire là-dessus.

  • Mario Bard 18 septembre 2018

    @Jasmin
    Bonjour Jasmin, merci pour ton commentaire.

    Je ne crois pas que c’est le rôle de l’association de contacter les évêques pour vérifier le tout. Je fais confiance au professionnalisme de Présence, et aux pratiques journalistiques auxquelles adhère ce média, membre de l’AMéCO. S’il s’avère que Présence a mal fait son travail, c’est à la CECC de l’indiquer, pas à moi.

    Ensuite, sur le point de la liberté d’approcher, de poser des questions, je croyais que ma préoccupation pouvait, ou plutôt, devait être entendue, comme président d’une association dans laquelle les membres ont à coeur que l’information soit diffusée avec des critères qui rejoignent le plus possible les bonnes pratiques journalistiques reconnues.

    Par ailleurs, la question de la liberté de parole est fondamentale. Bien sûr, la CECC peut établir ses propres règles avec son formulaire : c’est également sa liberté fondamentale. Mais, ce qui est dénoncé dans l’article permet-il une plus grande crédibilité de la parole délivrée par les évêques ? C’est ce que je pose comme question, sans plus.

    Avec l’accord du conseil d’administration, nous pourrions consacrer un moment à tout cela lors de l’assemblée générale du 26 octobre prochain.

    Bonne journée,

    Mario

  • Sabrina Di Matteo 14 septembre 2018

    @Jasmin:

    Les différences peuvent sembler subtiles. Mais le ton est différent, l’interdiction d’approche même du personnel s’ajoute, et d’ailleurs Présence n’avait rien signalé par choix l’an dernier alors que les règles devenaient déjà plus strictes.

    Dans un contexte où les baptisés et le grand public exigent de la transparence de l’Eglise et ses leaders, en période de crise de crédibilité presque sans précédent, ce contrôle à l’égard des médias est contre-productif. Le fait même d’envoyer des questions en avance et d’attendre l’aval, sans garantie, et d’engranger des dépenses de déplacement et de logement pour les journalistes alors qu’ils n’auront peut-être même pas l’autorisation ou qu’elle pourrait leur être retirée sur place sans préavis (à ce stade serait-on surpris?), est loin d’être une dynamique d’ouverture et de dialogue constructive. La méfiance n’engendre rien de bon.

    Et surtout, je persiste à demander si les évêques ont été consultés ou non pour cette mesure.

    Enfin, concernant le commentaire de Jasmin, suite au message de Mario Bard sur le site de l’Améco, devrait-il effectivement consulter tous les membres avant de publier? Cela relève de vos règlements. Par contre, il n’avait aucunement besoin de consulter la CECC avant d’émettre son message. Car à ce que sache, l’Améco est une association de membres indépendante qui ne répond pas à la conférence épiscopale nationale.

  • Jasmin Lemieux-Lefebvre 14 septembre 2018

    À titre de membre de l’AMéCO, je vous exprime ma vive déception de cette réaction que je juge beaucoup trop rapide à l’article de Présence info.

    Est-ce que l’AMéCO a pris le temps de contacter la Conférence des évêques catholiques du Canada avant de réagir?

    Tout d’abord, l’article prétend que la CECC « resserre son contrôle » pour la plénière 2018.
    C’est faux, comme le prouve la comparaison du formulaire et règles de 2017 (sur 2 pages)
    http://www.cccb.ca/site/frc/membres/assemblees-plenieres-annuelles/289-assemblee-pleniere-2017/4784-assemblee-pleniere-2017-de-la-cecc
    Avec le formulaire de 2018 (sur une page)
    http://www.cccb.ca/site/frc/membres/assemblees-plenieres-annuelles/295-plenary-assembly-2018/4986-canadian-conference-of-catholic-bishops-to-gather-for-2018-plenary-assembly

    Le formulaire est une tradition de plusieurs années. Serait-il bon de le modifier en partie? Absolument.
    Peut-on en discuter avec la CECC avant de faire une sortie publique? Je le crois sincèrement.

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