Ce fut une très bonne idée de faire précéder le débat sur la pédophilie dans l’Église d’un extrait de Spotlight, un film qui met l’accent sur la responsabilité collective.
Isabelle de Gaulmyn, auteure d’Histoire d’un silence et rédactrice en chef adjointe de La Croix, et Vincent Neymon, directeur des communications à la Conférence des évêques de France, ont présenté un point de vue empreint d’émotions lors des Journées François-de-Sales.
Découvrir, trente ans plus tard, qu’elle côtoyait au sein du mouvement scout, sans le savoir, des victimes de pédophiles prêtres, fut pour Isabelle de Gaulmyn un véritable choc. «Je me suis sentie coupable.»
Ce constat l’a amenée à mener une enquête et à écrire un ouvrage sur le résultat de sa recherche. «J’avais le sentiment d’être contre mon Église. J’en suis sortie différente.»
Le silence des victimes et des familles s’explique difficilement pour quelqu’un qui n’a pas vécu ce drame. «Pourquoi en parler 35 ans après?», a-t-on lancé à la journaliste. Mme Gaulmyn incite ses collègues à écouter les victimes, à leur faire exprimer cette «douleur cachée».
On peut se demander pourquoi l’Église de France a mis du temps à traiter cette réalité. Vincent Neymon dit qu’un tel acte semblait tellement inconcevable qu’en réaction, il y a eu une forme de deni.
«Le silence permet de croire que cela n’existe pas. Quand un prêtre se dénonce à son évêque, ce dernier est décontenancé devant un fils.»
Depuis deux ans, les évêques ont fait une réelle prise de conscience de la souffrance. «Les victimes ont permis que cela éclate.»
En tant que responsable des communications, l’objectif de Vincent Neymon a été de travailler en coopération avec les victimes, les médias et l’institution.
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Texte et photo de Gaëtane Larose, ex-présidente de l’ACPC, ancien nom
de l’AMéCO. Elle participe, à Annecy, aux 21e Journées
François-de-Sales, un événement organisé par la Fédération des médias catholiques.