«Je me rappelle d’un séjour en Albanie à l’automne 1994. C’était quelques années après l’effondrement du régime communiste et athée qui avait régné en Albanie de 1944 à 1990. Je séjournais dans notre couvent de Scutari à peine récupéré. Pour dormir la nuit, on m’avait offert un espace qui avait servi durant les pires années du régime comme lieu de torture des prisonniers», raconte Gilles Bourdeau, membre du comité de rédaction de la revue Missions des franciscains.
«Sur la table de nuit, il y avait un ouvrage qui racontait ce que plusieurs prisonniers avaient subi durant des interrogatoires terribles. Il y était fait mention, entre autres, du procès d’un prêtre diocésain qui avait été arrêté parce qu’il avait l’air de prier. Il faut se rappeler que tout lieu et tout geste de prière étaient, à l’époque, absolument prohibés, autant dans la vie privée que dans les manifestations publiques. L’interdiction de prier ou de se trouver en possession d’objets qui évoquent le religieux et la prière était totale.»