Raymond Lemieux propose, dans la Nouvelle revue franciscaine, une réflexion sur l’aveuglement devant les injustices.
«Nos regards ne sont pas les mêmes selon qu’on est riche ou pauvre. La vue des humains est conditionnée par leur désir et celui-ci s’enracine dans la place qu’ils tiennent les uns parmi les autres. Chacun est responsable de son regard, certes, mais chacun peut aussi fermer les yeux. Dans les sociétés contemporaines hyper-hiérarchisées, réglées par l’ostentation de la richesse, puissants et misérables n’ont pas accès à la même vue. Et paradoxalement, c’est le regard des riches qui est davantage obstrué, tout simplement parce qu’ils ont davantage à perdre s’ils ouvrent les yeux. L’aveuglement va de pair avec les privilèges auxquels nous croyons avoir droit et les fragiles dominations que nous exerçons», écrit le professeur émérite de sociologie de la religion et d’histoire du christianisme à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval.